Khal, chaos, création…

August 29th, 2010 by

J’ai retrouvé un court portrait-passion publié dans le Guide Ressources de sept.-oct. 1990 (à mi-chemin entre la naissance de Mainmise et la désincarnation de Georges). C’était sa dernière visite à Montréal et ma dernière rencontre avec lui.

Comme le texte n’est pas entièrement lisible en surimpression, je vous le transcris ici:

Georges Khal. Qu’est-ce qui te passionne encore quand t’as tout vu, tout lu, réfléchi à tout, vécu dans l’opulence des dîners de commune, puis seul devant ton clavier, puis tout nu sur une plage asiatique? Quand t’as co-fondé, il y a vingt ans, une revue contre-culturelle appelée Mainmise, joyeux labo de mythologie appliquée? Quand t’as rêvé la Grande Utopie des années 70 et traduit une intraduisible brique sur la pensée systémique?

Ça ne fait pas cinq minutes que je suis arrivé en me posant ces questions que Georges Khal, euphorique, me fait la démonstration d’un nouveau logiciel américain de simulation globale: jouez à modifier l’équilibre planétaire. Taxez les CFC, reboisez l’Amazonie: crac, de nouveaux problèmes… Le voilà dans son rôle préféré: créateur d’univers. “C’est mon côté bricoleur!”

Grand contemplatif, Georges se marre: “Je vois les dieux se bidonner devant le capharnaüm planétaire – le chaos! qui génère de l’ordre qui génère du chaos… Ça n’arrête pas!” La preuve: Georges ne fait que passer – il retourne en Asie cet automne.

Voilà presque dix ans, alors qu’on était tous là à téter du stylo-feutre, Georges a découvert la micro-informatique et répandu la bonne nouvelle. Puis, il a vendu ses milliers de bouquins pour aller vivre de rien à Sri Lanka. “Le paradis!” Il a fallu une guerre civile pour l’en chasser: il est parti enseigner les langues à Taïwan, après avoir tenté de créer un logiciel-expert de médecine orientale. Peine perdue: la logique binaire ne collait pas aux subtilités de la cosmologie chinoise. Tel un chat ondulant finement entre les obstacles, Georges le mercurien préfère l’Orient sinueux aux bousculades de nos contrées.

“Ce qui me fascine à 45 ans, c’est que si t’es pas enfermé dans une routine qui te robotise, t’es vraiment vulnérable, tu te fais bardasser… Mais au milieu du chaos, du stress, il suffit que tu prennes le moindre recul pour réaliser soudainement que tout ça est une vaste rigolade.”

Puis, comme un secret à ne pas mettre entre toutes les oreilles: “J’ai approfondi le fait qu’on participe de façon extraordinairement intime à la création de l’Univers. Et le moteur de tout ça, c’est notre désir. À la fin, quand t’as tout fait, tout épuisé, tu deviens bouddha!”
Dit-il en éclatant de rire…

MSG

Alternative Media Conference – 17-20 June 1970

August 28th, 2010 by Christian Allègre

Je mentionnais le fait qu’en juin 1970, Jean Basile nous avait envoyés, Georges et moi, assister à la première Alternative Media Conference, qui eut lieu à Goddard College, dans le Vermont, du 17 au 20 juin.

En cherchant s’il y avait des traces sur le web de cet événement qui fut pour les médias ce que Woodstock fut pour la musique, j’ai trouvé une page sur FaceBook ouverte par un participant pour commémorer les quarante ans de l’événement…

Alternative Media Conference 1970 – Photo Mark Goff

J’y ai laissé un message, mais en regardant les photos mises en ligne par l’un des organisateurs ou participants, quelle ne fut pas ma surprise de voir nos noms sur la liste des participants venant de Montréal.

Vous y verrez aussi Jerry Rubin qui allait publier Do It quelques mois plus tard, ainsi que Richard Alpert, le compagnon d’armes de Tim Leary.

Jerry Rubin et Baba Ram Dass (Richard Alpert) – Alternative Media Conference 1970 – Photos Mark Goff

Je me souviens que dans un atelier très animé où s’affrontaient des vues politiques, un couple flambant nu vint s’étendre en plein milieu de la scène et se mit à faire l’amour sous les yeux de l’assistance : “make love not war”, n’est-ce pas !! Those were the times… Je n’en croyais pas mes yeux! Les orateurs ne cessèrent pas leur diatribe pour autant. Quand le couple eut terminé, ils quittèrent la scène la main dans la main. Sympa ! Georges, qui suivait le débat, faisait semblant de ne rien voir. Quant à moi, j’oubliai tout du débat devant cet acte “révolutionnaire.”

[NDLR: la galerie facebook a deux photos – décentes – de cet incident, pendant et juste après.]

La station de radio communautaire de Goddard College a construit une page d’accès aux archives de l’événement.

[NDLR: on peut trouver dans ces archives en particulier deux articles sur l’événement, du Boston Globe et de The Atlantic.]

Alternative Media Conference 1970 – Photo Mark Goff

De Montréal, assistaient aussi à ce colloque, Jason Cohen, un ami de jeunesse de Georges, ainsi que leur amie Joyce Jason Teff. Ils sont sur la liste.

Pour l’occasion, Jean Basile nous avait prêté sa Pontiac Parisienne, achetée l’été d’avant (j’y reviendrai), et je me rappelle qu’après le concert de vaudou psychédélique ou de rock Gris-Gris de Dr John the Night Tripper, j’ai dormi ou plutôt essayé de dormir dans cette auto…

Christian Allègre

66 ans en 2010. Né en France. Transplanté en terre québécoise en 1968. Durant l'hiver 1969, rencontre d'abord Jean Basile, alors directeur des pages culturelles du quotidien Le Devoir, puis, chez ce dernier, Georges Khal, pusher de génie. De l'amitié qui se noue alors et des échanges entre ces trois compères est née l'idée de Mainmise.

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Gregory Bateson etc.

August 24th, 2010 by Christian Allègre

Ayant trouvé par hasard hier sur un tracker privé une copie du film de Gregory Bateson et Margaret Mead “Trance and Dance in Bali” (réalisé dans les années 30, mais produit en 1952), ainsi qu’un beau documentaire sur Mead, où l’on voit leur fille, Mary-Catherine Bateson, parler de ses parents, je me suis pris à penser que la pensée de Gregory Bateson est peut-être la référence commune et le point focal qui rassemble presque toute la communauté des amis de Georges à Montréal, à un niveau ou à un autre, par divers chemins et divers savoirs, pendant et après Mainmise, et que ce film tourné à Bali, où il séjourné un temps, si près de l’île où il a passé ses dernières années, boucle la boucle, en quelque sorte, en y incluant ses amis de là-bas. Je pense que c’est avec l’approche batesonienne de l’interaction et de l’écologie de l’esprit comme fondement que Georges a abordé son enseignement à l’université de Montréal,… comme c’est aussi Bateson qui m’a mené à la maîtrise en communication à McGill en 1979…

Steps to an Ecology of mind était paru en 1972, mais Georges n’a pas découvert ce livre capital immédiatement. Voici la petite histoire en arrière-plan.

En octobre 1971, Georges quitte Mainmise pour la Californie, où il restera deux ans. L’aménagement de son campeur Volkswagen en vue de ce voyage est détaillé et illustré dans le numéro 11 de Mainmise, pp. 77-93. Page 80, il y a un clin d’oeil au film de Marcel Carné, Les visiteurs du soir (1942, écrit par Prévert), peint sur le camion. Toujours les références culturelles ! Vous verrez sur l’une des photos que comme d’habitude Georges ne part pas sans lectures. Love’s body, de Norman O. Brown, en fait partie, c’est un livre de chevet; Le Déclin de l’occident d’Oswald Spengler, où Georges voyait un remarquable tentative de morphologie de l’histoire occidentale. Morphologie et topologie étaient deux champs de connaissance qui fascinaient Georges. Il emmenait aussi les Cahiers de Paul Valéry, en deux tomes dans l’édition de la Pléiade. “Paulo”, comme disait Georges, fut pour nous une immense admiration commune, ces Cahiers seront pour nous deux une source d’inspiration constante quand nous réfléchirons à la table des matières du Répertoire.

En février 1973, j’élabore un plan de tournage pour une émission de la série “Qui-Vive!” (première émission de la télévision de Radio-Canada consacrée aux questions écologiques – j’en suis le recherchiste et le scripteur), qui m’envoie en Californie pour préparer le tournage. Marie-Thérèse me donne les coordonnées de Georges en Californie et j’annonce à Georges mon arrivée. Après un détour par Tucson, Arizona, pour visiter un projet d’énergie solaire, j’atterris à Los Angeles où Georges m’accueille à l’aéroport en février 1973, le 13 je crois. Ce sont des retrouvailles. Voilà presque deux ans que nous ne nous sommes pas vus. La compagnie de location d’automobiles me donne une rutilante Chevrolet Impala rouge. Ce luxe tapageur me gêne mais dérange carrément Georges. Nous retournerons dès le soir-même l’échanger pour une petite auto modeste vert foncé. Nous nous rendons chez la femme qui l’héberge, Frances est son nom, elle habite dans une petite rue de Venice, non loin de la plage, c’est une femme très accueillante et charmante qui m’a déjà baptisé “The magic Christian”, car Georges a consulté le Yi-King, pour savoir s’il devait me suivre durant mes recherches et pérégrinations, et la réponse a été un oui net et emphatique. Nous visitons donc ensemble tous les groupes écologistes actifs et importants, nous visitons Topanga Canyon, où Georges a vécu pendant quelques mois à son arrivée, après l’accident qui lui a coûté son campeur Volks; nous visitons Berkeley où je loue une chambre de motel sur University Avenue; Berkeley, qui fourmille d’étudiants et où nous rencontrons Marie-Andrée Bertrand, bientôt (ou peut-être déjà) professeur au département de criminologie de l’UdM, qui s’est illustrée il y a peu par ses prises de position au sein de la Commission Ledain concernant la décriminalisation de la possession de marijuana… Un jour, sous les yeux d’un Georges qui ne perd pas un mot de la conversation, j’appelle le Pr Herbert Marcuse, à son bureau de l’université de Californie à San Diego. Je voudrais faire une entrevue avec lui pour Radio-Canada sur la réponse que la jeunesse californienne et mondiale est en train de donner à ses analyses de la civilisation industrielle avancée. Le vieil homme est très pessimiste, “Où est-elle, cette jeunesse ? Où sont-ils ?” s’enquiert-il, puis il demande à réfléchir, mais finalement il refusera de se prêter au jeu. Sans doute se sent-il trahi par la jeune génération, le Flower Power !

C’est lors de ce séjour que je conjure Georges de revenir à Montréal et de reprendre en mains Mainmise, qui d’après moi ne va plus dans le sens de l’édification de l’utopie, qui était le projet de départ édifié dans nos discussions du printemps et de l’été 1970. Pour expliquer mon intervention, il faudrait que je puisse raconter comment Georges et moi avons rêvé le projet de Mainmise, bien souvent sans en partager le contenu avec Jean Basile, surtout pendant les quelque deux mois où Georges a habité avec moi, 2070 rue Crescent, tout l’été 70… jusqu’à ce que nous emménagions avec Marie-Thérèse au 3644 de Bullion, où Mainmise est né.

C’est une période riche en découvertes et en explorations pour moi, pleine d’enthousiasme, où j’absorbe ce que Georges propose dans des conversations sans fins. C’est par Georges que j’ai eu accès à la culture de l’underground américain, dont j’étais curieux depuis mon arrivée au Québec, aux grandes voix et aux textes les plus “poético-flaillés” et “mystico-pétés”, comme Georges disait, que j’ai compris l’ampleur du “Mouvement” aux États-Unis, avec un très fort sentiment d’adhésion, avec la conviction que j’avais enfin trouvé quelque chose qui valait la peine d’être vécu. Non, je ne serai pas un petit banquier de succursale ! Non, je ne serai pas un minable directeur commercial ! Je serai, je suis déjà un “freak”. C’est évidemment la période de ma vie où j’ai le plus fumé, et je me rappelle distinctement deux trips LSD (sur buvards) avec Georges, dont un fabuleux autour de deux disques : Umma Gumma  de Pink Floyd (mon groupe préféré de l’époque) et Erik Satie, et un autre au cours duquel, à l’aube, nous avons “escaladé” la montagne tout droit jusqu’au belvédère (devant le chalet) afin de contempler “le commencement du monde” comme le voyageur de Friedrich, puis ce que Georges et Marie-Thérèse surnommaient “Versailles”, i.e. le bassin, les haies de peupliers et le promenoir des jardins du Grand Séminaire… Jean Basile ironisera sur cette période intense en disant qu’en un an j’étais passé du grand chic parisien à la contre-culture. Il avait raison en un sens au moins. Ma curiosité et ma capacité d’absorption indiquaient à quel point j’étais prêt pour le grand chambardement que Mai 68 n’avait pas opéré en moi, à quel point j’en avais besoin…  loin de la France.

En Juin 1970, Jean Basile nous envoya à Plainfield, Vermont, pour assister à la première Alternative Media Conference, à Goddard College. Quelque 2000 freaks ! Un petit Woodstock ! Baba Ram Dass ! Jerry Rubin ! Dr John !…

Mais une fois de plus les souvenirs débordent. Revenons à Georges et à Bateson. Georges reviendra à Montréal fin 1973, et effectivement reprendra Mainmise en mains quelques mois plus tard. A ce stade,  Michel Bélair entre en scène, à qui je laisse le soin de raconter l’épisode de la reprise de Mainmise, ponctuée par le départ de Jean Basile.

Entretemps, Georges a lu Steps to an Ecology of Mind. Il a fait le tour de la théorie des systèmes généraux (Bertalanffy). Un mot constant revient sur ses lèvres : épistémologie, au sens batesonien. Le mot analogie aussi, compris comme méthode. Il parle de Heinz von Foerster, le fondateur du Biological Computer Lab (University of Illinois, Urbana-Champaign), Ross Ashby, et de leurs invités : le chilien Umberto Maturana, le canadien Stafford Beer, Gordon Pask, Franscisco Varela. J’en oublie… Les fondateurs de la cybernétique, les participants aux fameuses conférences Macy, autour de Warren McCulloch (MIT) : dont Margaret Mead et Gregory Bateson. La section du Répertoire sur les Systèmes généraux est déjà en train de prendre forme. Georges s’intéresse à l’esprit (mind) et à son fonctionnement, à ses interactions. Le mind me passionne, mais je m’intéresse aussi à l’âme. “Mens” et “anima”, tels que Spinoza les a bel et bien distingués dans l’Éthique. Mon regard sera toujours aussi celui d’un heideggerien, mais d’un heideggerien tombé en amour avec l’inventivité américaine. Georges souriait quand il me voyait plongé dans Duns Scott, ou dans le livre de Beda Alleman sur Heidegger et Hölderlin, à cette époque. Toute la génération de penseurs européens qui ont formé ma jeunesse a lu Être et Temps et a réagi ou répondu à ce maître-livre… Modestement, j’essaierai, quant à moi, dans mon mémoire de maîtrise, mais ne réussirai pas à faire se rencontrer les deux mondes, sous les traits de Bateson et de Derrida, autour de la notion de différence. Essai raté, par manque de maturation, ou peut-être tout simplement de travail.

Mais trêve de digressions. L’information est une différence qui fait une différence, la fameuse formule de Gregory Bateson qui distingue homéorhèse et morphogénèse, nous la devons en français à Georges, car, et c’est où je voulais en venir, c’est au moins partiellement grâce à Georges que Steps to an Ecology of Mind a été traduit en français aux Éditions du Seuil. En effet, un  jour d’automne, 1976 je pense, nous reçumes à Mainmise la visite de Denis Roche, alors directeur de collection aux Éditions du Seuil (entre autres de “Fiction & Cie”), et au cours de la conversation, Georges lui fit une liste de livres américains importants à traduire en français. Le livre de Bateson était le premier sur la liste.

Christian Allègre

66 ans en 2010. Né en France. Transplanté en terre québécoise en 1968. Durant l'hiver 1969, rencontre d'abord Jean Basile, alors directeur des pages culturelles du quotidien Le Devoir, puis, chez ce dernier, Georges Khal, pusher de génie. De l'amitié qui se noue alors et des échanges entre ces trois compères est née l'idée de Mainmise.

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Deux messages de Jean-Michel Sivry

August 18th, 2010 by Christian Allègre

Quand Georges et moi l’avons rencontré, en 1975, Jean-Michel Sivry était pdg des éditions Flammarion Québec (il l’est toujours), et en 1977, il est devenu, au nom de Flammarion et avec Mainmise, l’éditeur du Répertoire Québécois des Outils Planétaires. Je l’ai averti du décès de Georges, qu’il avait déjà appris, et à l’occasion de cet échange, il m’a écrit deux messages que je partage avec vous.

Jean-Michel:

Mais quelques mots d’introduction s’imposent, qui vont me permettre de souligner l’importance de Jean-Michel et de rappeler quelques pages d’histoire mainmisienne.

Dès les débuts de l’aventure du Répertoire québécois des Outils planétaires, j’ai entrepris de rechercher et de recenser les publications disponibles en français susceptibles d’être un “outil planétaire”, et pour ce faire, j’ai contacté les éditeurs. J’ai beaucoup parlé au téléphone à cette époque, et les éditeurs, tant québécois que français, ont fait bon accueil à l’idée du Répertoire.

Trois éditeurs français, en particulier, ont marqué un intérêt particulier pour notre projet et pour Mainmise: Jean-Michel Sivry est l’un d’eux, les autres sont Rolf Puls, des éditions Gallimard et Pascal Assathiany, de Dimédia, représentant entre autres des éditions du Seuil, une maison alors bien plus importante qu’aujourd’hui dans la vie intellectuelle. Ils étaient prêts à mettre à notre disposition des livres, et à nous faire bénéficier du service de presse.

C’est ainsi qu’une fois par mois environ, Georges et moi nous rendions à Ville St-Laurent, pour choisir une large sélection de parutions. C’est de cette façon que Georges, dont la jeunesse avait été baignée de littérature française et qui n’avait jamais cessé de lire en français ni de fureter dans les librairies françaises d’occasion, s’est remis à s’intéresser activement aux recherches et aux ressources françaises.

Pour justifier le service de presse,  en 1975-1976, nous avons tenu dans Mainmise une chronique de livres assez remarquable, je pense, que Georges avait intitulée “Y en a qui appellent ça des livres, nous on appelle ça de l’énergie”. Cette chronique très variée, et rédigée par toute l’équipe, nous valut des éloges et les éditeurs étaient ravis de se voir ouvrir un nouveau public. Quant à nous, nous explorions le domaine français à la recherche de livres phares et de ressources pour le Répertoire. Des pages de cette chronique furent affichées par Gallimard et Flammarion dans leurs stands respectifs au Salon du livre 1975.


Georges profita de l’afflux pour rencontrer des auteurs qu’il avait lus, à diverses époques, et aimés: Michel Tournier (photo), François-Régis Bastide, Jean-Louis Curtis sont les noms qui me reviennent.

Une parenthèse concernant Michel Tournier : il venait de publier Le roi des aulnes, livre que Georges avait porté aux nues. Tournier était venu à Montréal pour la rencontre des jurés Goncourt, qui avait été invités cette année-là (par Paul Desmarais, si mon souvenir est bon) à tenir leur première séance au Québec.

L’auteur de Vendredi et les limbes du Pacifique et du Roi des aulnes fut invité et vint à Mainmise sans attaché de presse, il participa à un mémorable souper sur la terrasse avec d’autres écrivains, dont Bastide, et le lendemain nous partîmes tous en voiture pour Morin Heights, où Paul Chamberland, lecteur lui aussi de Michel Tournier, nous avait invités.

Quant à François-Régis Bastide, Georges et Marie-Thérèse se rappelaient surtout La vie rêvée. Quelle ne fut pas notre surprise, Georges et moi, de nous découvrir avec lui une vénération commune pour Jean Giraudoux et les romantiques allemands, que Michel Tournier adulait aussi. “Surtout Hölderlin”, disait-il. “Surtout Novalis”, répondions-nous.

Bastide et moi passâmes le dîner à nous lancer des bouts de phrase tirées des oeuvres de Giraudoux…

Mais les souvenirs affluent et culbutent… il y a tant d’auteurs qui vinrent nous voir à Mainmise et nourrirent notre vie intellectuelle…

Pour en revenir à Jean-Michel, il s’intéressa de très près à l’aventure du Répertoire. Il comprit ce que notre entreprise devait à l’Encyclopédie de Diderot, au Whole Earth Catalog de Steward Brand et aux recherches des Romantiques allemands, comme l’Encyclopédie de Novalis. Il apprécia ce que nous voulions faire, et il accepta de faire de Flammarion l’éditeur et le distributeur du Répertoire.

Fin 1976, Pierre Bédard, compagnon de Michelle Favreau, nous convainquit de faire l’acquisition d’une presse et d’imprimer notre ouvrage “révolutionnaire” nous-mêmes, à la manière des marxistes du début du XXe.

Jean-Michel, dans son message ci-dessous, rappelle le capharnaüm que devinrent alors les locaux de Mainmise, transformés en atelier d’édition. C’est tout un mode de vie qui changeait.

Voyant notre manque d’expérience, et la qualité très médiocre des pages imprimées, craignant que le Répertoire ne voie jamais le jour, il prit le taureau par les cornes et nous imposa, pour notre bonheur, un imprimeur professionnel.

C’est grâce à lui que l’ouvrage put voir le jour en mars 1977, ouvrage que nous avions entièrement composé nous-mêmes.

Et c’est grâce à lui aussi que 11 000 exemplaires du Répertoire furent vendus en un an. Je salue en lui l’un de mes plus vieux et plus chers amis.

Jean-Michel Sivry
17 août 2010, à 13:30
Re: Georges Khal
Allo allo cher ami,

Merci de ton message.

Je viens aussi de recevoir des courriels de Rolf et de Michel St-Germain qui concernait la mort de notre ami. Et je l’avais aussi lu dans Le Devoir quand cela a été annoncé.

C’était un chic type. Il me semble que Georges a fait ce qu’il a voulu faire, toute sa vie, et ainsi j’espère qu’on peut aussi se rappeler que sa vie a été bien remplie. Qu’elle fût une belle vie. Ne l’ayant jamais revu depuis une trentaine d’années, mes souvenirs ne peuvent évidemment qu’être très idéalisés. Je le trouvais merveilleusement sympathique et bon. La profondeur de ses convictions, son charme et ses connaissances m’impressionnaient.

Son choix d’exil m’a paru lumineux et je crois, Christian, que nous sommes, toi et moi, bien placés pour endosser ce désir de sentir “que des oiseaux sont ivres d’être parmi l’écume… “. Je ne serais pas surpris que nous partagions, d’expérience, ce sentiment que “nul n’est prophète en son pays”. Enfin, j’appréciais son calme tranquille, et surtout l’étincelle merveilleusement pétillante de son regard.

Malheureusement, je ne pourrais me rendre à la commémoration que vous organisez, ne me trouvant pas au Canada le 3 septembre. J’en suis désolé et mon coeur certainement sera avec vous.

Jean-Michel Sivry
17 août 2010, à 19:08
Re: Georges Khal

Tu me ramènes à quelques souvenirs aimables. Il est vrai que notre amitié s’est d’abord construite sur cet improbable chantier du Répertoire québécois des outils planétaires dont je fus l’éditeur.

Lorsque les joyeux babas de Mainmise m’ont parlé de leur projet, c’est toi Christian et lui, Georges, avec qui j’ai surtout travaillé et qui tentèrent de me redonner confiance au fur et à mesure que s’imprimaient sur des presses à bras, ou presque, les milliers de pages de couleur du projet initial, celles qui s’entassaient pile après pile de 5000 feuilles, dans l’incroyable désordre de la maison communautaire du bas de la rue St-Denis, colonisée par les chats-rois.

Ah, comme j’ai dû vous paraître ridiculement conventionnel de vous arracher ce premier bébé mort en couches, pour m’en remettre, finalement, à un imprimeur de métier, capable de relier le tout et de travailler avec méthode. Et que sont devenues les pages couleur inutilisées ? C’est une question que je me pose toujours.

Il y eut une autre étape cruciale de notre rencontre de ces années-là ; les premières séances fondatrices de ce qui deviendra Le Berdache, mensuel de défense des droits civils des gais. Cela se déroulait dans l’appartement de Jean Basile sur Laval. Et c’est le titre lui-même de cet outil planétaire parmi d’autres qui aura son utilité pendant trois ou quatre ans, que le Québec doit à Georges Khal et à Christian Allègre.

Voilà quelques étapes lointaines vite évoquées de sa belle aventure humaine. C’est sûr : Georges était quelqu’un de bien.

Si tu as envie de faire un peu de collage pour le blogue, cher Christian, voilà que les 20 dernières minutes m’ont fait rêver….et voici (ci-dessus) un paragraphe complémentaire pour lui rendre hommage. Fais en ce qu’il te plait, s’il te plait. Bises. JM

Christian Allègre

66 ans en 2010. Né en France. Transplanté en terre québécoise en 1968. Durant l'hiver 1969, rencontre d'abord Jean Basile, alors directeur des pages culturelles du quotidien Le Devoir, puis, chez ce dernier, Georges Khal, pusher de génie. De l'amitié qui se noue alors et des échanges entre ces trois compères est née l'idée de Mainmise.

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Démo Mainmise

August 12th, 2010 by Marc-André Brouillard

Pierre Brisson m’a suggéré de partager avec vous cette démo, réalisée en 2004, dans le cadre de mon projet de documentaire sur Mainmise.

L’objectif de ce document, qui accompagnait les demandes de financement pour l’écriture du scénario, était d’illustrer les thèmes abordés par Mainmise et donner un aperçu de la toile de fond du début des années 70.

Nous voulions aussi signer le style du film. Ce n’était pas trop difficile de trouver l’inspiration pour la scénarisation de ces deux minutes avec le matériel éclaté que nous avions entre les mains.

Bande-annonce d’un documentaire sur le magazine québécois Mainmise. © Marc-André Brouillard, 2005

Il faut dire que je travaillais pour ce projet avec un animateur de talent, Mathieu Joyal qui est responsable de la mise en image de cette démo.

La voix que vous entendez, au début et à la fin, est celle de Jean Basile, extraite d’une entrevue à la radio de Radio-Canada dans le cadre du lancement du premier numéro du magazine.

J’ai publié la vidéo sur YouTube en octobre dernier, mais je ne suis pas satisfait du transfert. Le son est bon, mais vous remarquerez qu’il y a des rayures, absentes de la version originale.

Marc-André Brouillard

Rédacteur indépendant, Marc-André Brouillard travaille depuis plusieurs années dans l’univers des médias Internet. Il a notamment travaillé pour Radio-Canada, Canoë et collaboré au site Branchez-vous ! Marc-André travaille également dans le domaine de l’édition à titre de recherchiste photo et droits d’auteur.

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Le projet du documentaire sur Mainmise de M-A Brouillard

August 12th, 2010 by bruno boutot

Vidéo dénichée par Pierre Brisson dans un commentaire précédent.
La voix qu’on entend au début et à la fin est celle de Jean Basile.

Bande-annonce d’un documentaire sur le magazine québécois Mainmise. © Marc-André Brouillard, 2005

Les origines de Mainmise racontées par Georges Khal

August 10th, 2010 by Marc-André Brouillard

En septembre 2004, Georges Khal m’envoyait ce qu’il avait appelé «historique rapide des origines de Mainmise». Voici tel que reçu, ce précieux récit, qu’il a d’ailleurs raconté partiellement dans un entretien radiophonique avec Robert Blondin en 1993. N’hésitez pas à corriger la mise en page ou ajouter des hyperliens si vous le souhaitez.

Vu de mon perchoir bien sûr, et avec sauce très désordonnéeGK
1964, juin, je sors du cours classique, B.A, propre à tout bon à rien, mais avec une base profonde qui de Platon jusqu’à Camus me donne des ailes…

1964-65 : un an perdu à l’U de M qui refuse stupidement de m’accorder le droit de faire des études interdisciplinaires pour préparer une maîtrise en Cybernétique, nouvelle science que j’avais découvert seul en 1960 et qui me fascinait (je crois avoir été le premier à l’être à Montréal), et qui sera un des vecteurs de la pensée mainmisienne…

1965-66 : écœuré, je tente ma chance en Europe avec Jean Piaget à Genève dont le dernier livre indique qu’il vient lui aussi de découvrir la Cybernétique… l’U de G, aussi imbécile, que celle l’U de M, me refuse l’admission sous prétexte que je suis canadien et ne suis donc pas apte à étudier en français (osti d’tabarnak) (ceci est une histoire absolument véritable).

Je voyage alors pendant huit mois en Europe, découvrant entre autres l’Italie et la Grèce (ma patrie spirituelle). Mais un an en Europe suffit à m’en dégoûter, la France surtout dont le climat intellectuel sclérosé et obsédé de linguistico-sémiotico-marxistico-spaghetti de merde me donne la nausée.

Je décide de ne plus jamais lire en français, et m’engloutit dans la littérature américaine.

1966, je retourne en Amérique du nord, un continent qui respire…3 mois à New York dans le East Village, j’y découvre chez les copains musique rock californienne, Grateful Dead, Jefferson Airplane, le cannabis, l’œuvre de Marcuse et surtout celle de Norman O. Brown (Marcuse et N.O. Brown c’est le rapport entre Marx et Nietzsche… Marcuse encore européen, Brown américain, professeur californien, la différence totale mais complémentaire).

1966-67, de retour à Montréal les écailles tombent, je deviens hippie et pusher ! LSD durant l’Expo de Montréal… turn on, tune in, drop out…

1967-68, je plonge dans la presse underground américaine, le superbe et éclaté Logos publié à  Montréal; les interviews fabuleux à l’époque de Playboy; l’œuvre de Timothy Leary; celle du visionnaire Buckminster Fuller; l’incroyable Whole Earth Catalog de Californie; l’œuvre capitale du prophète Marshall McLuhan (qui lu sur la marijuana est d’une clarté éblouissante); mon grand héros, Abbie Hoffman, Revolution for the Hell of It, ce Till l’Espiègle qui fait le pied de nez au marxisme macabre et irréel des intellectuels francophones (France et Québec); le romancier Norman Mailer… etcetera……………….

1968, le mai 68 de France, enfin ils se réveillent, et surtout la convention démocrate à Chicago, et l’irruption médiatique des Yippies…

Automne 1968, je suis toujours pusher.

Un jour un appel de Jean Basile qui veut acheter de l’herbe.

Je ne le connais que comme critique de théâtre au Devoir.

Je viens juste de lire un article de lui qui descend en flamme une production de Jean-Louis Roux.

Au téléphone il se présente.

Ma première réplique : Vous êtres bien méchant avec JLR…

Réponse immédiate : C’est parce qu’il est très mauvais…

Cinq minutes plus tard, à propos de je ne sais plus quoi, je lui cite en latin les 3 premiers mots de l’Énéide, Arma virumque cano, et nous voilà dans la poésie latine…

Et voilà qu’il découvre ahuri un petit pusher, citant Virgile, fanatique de Mozart, inconditionnel de Led Zeppelin et Pink Floyd.
On se rencontre le lendemain et c’est la découverte réciproque de deux âmes sœurs, deux grands enfants……….. Riches de tous les ancêtres du monde……

Des mois durant nous fumerons herbe et dropperons acide ensemble tout en écourtant les derniers disques rock sortis, et les symphonies de Mahler, et Tommy et Haendel…

Et surtout nous rions comme des fous, deux vedettes de la pataphysique internationale…

Je lui fais découvrir tous les écrits américains, la nouvelle pensée…

À l’époque j’avais commencé à écrire un livre sur la marijuana qui empruntait la mise en page éclatée et électrico-trippée des livres récents de McLuhan, nous voilà en plein tribalisme de l’oreille… the medium is the damn message…

Basile me donne ses romans publiés à lire, mais j’en suis incapable, tout ce qui est écrit en français ne rentre pas, mes yeux glissent sur cette langue en apparence morte (j’avoue avoir été très injuste)…

Mai 69, je suis arrêté par le RCMP qui découvre accidentellement chez moi (longue histoire) un kilo de cannabis; condamné à un an de prison je ne ferai que six mois à Bordeaux…

À ma sortie début janvier 1970, je revois Basile et il me propose de continuer ensemble à écrire le livre sur la marijuana, mais après des mois de recherches et de documentation, l’évidence éclate, il y a trop de matériel, et surtout il ne s’agit pas seulement d’une herbe, mais de toute une révolution culturelle, et voilà l’idée qui pointe de faire un magazine… qui va durer dans le temps…

Un des amis de JB, de Toronto, avance une somme de $5000 pour financer le projet…

Et nous voilà partis.

Lors de l’écriture du manifeste je trouve le nom de Mainmise, inspiré d’Abbie Hoffman : reprenez en main tous les pouvoirs qu’on vous a enlevés, c.à.d. faites “mainmise” sur ce qui vous appartient et que vous avez abandonné aux prêtres, aux médecins, aux politiciens, aux spécialistes, etc.

Donc pour moi Mainmise c’était à la fois reprendre ce qui nous appartient, de mettre la main à la pâte et aussi le geste de bénir…

Le manifeste s’inspire entre autres de Nietzsche et de Rabelais (notre cher et grand ancêtre), la Gaya Scienza… Thélème !

Je lui montre un jour un livre de poche américain avec mise en page éclatée à la McLuhan et JB décide que le magazine sera un bimensuel format livre mais avec la même type de mise ne page.

De juin à octobre 70, travail de préparation et formation de l’équipe de fondation…

Entretemps il avait convaincu les Grand Ballets à mettre en spectacle Tommy de The Who (qu’il adorait)…

Sortie en octobre 70; le jour de la première de Tommy à la Place des Arts, le premier numéro de MM sert aussi de livret pour le spectacle…

Nous sommes sûrs que dans le climat politique d’octobre 70, nous allons être arrêtés par la police, mais rien… on nous laisse en paix et Mainmise continuera sa carrière jusqu’en 1978…

Le magazine aura été vraiment l’union France-USA (les deux seuls pays à vocation universelle), fusion visible de l’unique plateforme qu’est le Kébek, l’alternatif et universel Kébek, pour le distinguer du Québec, province parmi d’autres…

Mainmise, symptôme et résultat de la vocation nord-atlantique et nord-américaine du Kébek (pour le distinguer de l’autre Québec)… ce sera un magazine [nord]-américain mais écrit en français (à noter qu’il n’y a pas eu un seul penseur français contemporain à avoir la moindre influence sur ce que fut Mainmise dans les premières années, sinon de loin Teilhard de Chardin, quelques poètes, Cocteau, Henri Michaux un peu, et les classiques…)

Marc-André Brouillard

Rédacteur indépendant, Marc-André Brouillard travaille depuis plusieurs années dans l’univers des médias Internet. Il a notamment travaillé pour Radio-Canada, Canoë et collaboré au site Branchez-vous ! Marc-André travaille également dans le domaine de l’édition à titre de recherchiste photo et droits d’auteur.

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Mainmise, le film, 2004-2006

August 9th, 2010 by Marc-André Brouillard

En 2005, j’ai eu l’idée, inconcevable pour certains, de quitter Radio-Canada pour me lancer dans l’écriture d’un documentaire sur la création de Mainmise. J’étais à l’emploi du diffuseur public depuis 7 ans et à 34 ans, deux choix s’offraient à moi. Je reste et refuse la bourse que m’accordait la Sodec pour l’écriture du scénario, puisque la Sodec ne permettait pas que je sois à l’emploi d’un diffuseur, ou je quitte, avec en plus, le soutien financier de Téléfilm Canada et une promesse de diffusion de nul autre que Radio-Canada.

C’était pour moi une opportunité unique et je me voyais mal poursuivre mon emploi avec un tel projet. Je rêvais depuis longtemps de réaliser un documentaire et avec de telles cartes dans mon jeu, je me disais que je ne risquais pas grand-chose. J’ai donc quitté la boîte en 2005.

Sauf que les choses ne se sont pas déroulées comme je le souhaitais. À la remise de la première version du scénario, Radio-Canada s’est désisté, prétextant ne plus être intéressé par le sujet. Pas de diffuseur, pas de possibilités d’obtenir de soutiens financiers pour l’étape de la production. La productrice qui m’accompagnait dans cette aventure m’a tout de même aidé à mettre sur pied une petite équipe de tournage pour suivre Georges Khal, avec qui je correspondais, lors de son voyage prévu au Québec en 2005. Mais Georges a confondu 3h00 AM et 3h00 PM sur son billet et a raté son avion (merci à Christian Allègre pour cette anecdote sur la confusion des heures).

En 2006, après une relance du projet, j’ai baissé les bras. J’étais sur ce projet depuis 2004. C’était trop difficile de tenir le coup financièrement et émotivement.

Malgré tout cela, je garde de merveilleux souvenirs. La découverte d’une époque et des rencontres avec Christian Allègre, Linda Gaboriau, Kenneth Chalk qui étaient tous là aux balbutiements de Mainmise. Et bien que je n’aie pu rencontrer Georges, j’ai pu correspondre plusieurs fois avec lui et conserve toujours ces échanges fructueux.

Évidemment, j’ai accumulé de nombreux documents sur les débuts de Mainmise et la toile de fond culturelle québécoise du début des années 70. Grâce au projet de Bruno, je vais pouvoir replonger dans cette merveilleuse époque et partager avec vous certains morceaux choisis à commencer par cette photo, publiée dans Perspective à l’occasion de la sortie du deuxième numéro de Mainmise, en décembre 1970.

En haut, de gauche à droite : Pierre Gaboriau, Serge Litalien, Kenneth Chalk, Roch Michon, Michel Bogosse. En bas : Marie-Thérèse Chauvet, Georges Khal, Linda Gaboriau. Debout dans l’entrée : Jean Basile.

Marc-André Brouillard

Rédacteur indépendant, Marc-André Brouillard travaille depuis plusieurs années dans l’univers des médias Internet. Il a notamment travaillé pour Radio-Canada, Canoë et collaboré au site Branchez-vous ! Marc-André travaille également dans le domaine de l’édition à titre de recherchiste photo et droits d’auteur.

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A light went out

August 8th, 2010 by bruno boutot

Drôle de façon de commencer un blog, mais c’est la vie.

Michel Bélair a écrit dans Le Devoir un superbe article lors du décès de Georges Khal:

Une lumière d’ici s’éteint en Indonésie

Alllez le lire, j’en cite ici juste la première et la dernière phrases:

Dimanche en matinée à Yogyakarta, sur l’île de Java en Indonésie, s’est éteinte une des intelligences les plus lumineuses ayant vécues au Québec

Frère, ami, compagnon de route et source d’inspiration pour toute la diaspora «mainmisienne», Georges Khal aura été un des plus fabuleux «allumeurs de réverbères» que l’on ait pu rencontrer ici.

illustration Diane Obomsawin 2004

Maintenant, c’est à vous de poster textes et photos.

Now, it’s your turn to post stories and pictures.