Khal, chaos, création…
August 29th, 2010 byJ’ai retrouvé un court portrait-passion publié dans le Guide Ressources de sept.-oct. 1990 (à mi-chemin entre la naissance de Mainmise et la désincarnation de Georges). C’était sa dernière visite à Montréal et ma dernière rencontre avec lui. #
Comme le texte n’est pas entièrement lisible en surimpression, je vous le transcris ici: #
Georges Khal. Qu’est-ce qui te passionne encore quand t’as tout vu, tout lu, réfléchi à tout, vécu dans l’opulence des dîners de commune, puis seul devant ton clavier, puis tout nu sur une plage asiatique? Quand t’as co-fondé, il y a vingt ans, une revue contre-culturelle appelée Mainmise, joyeux labo de mythologie appliquée? Quand t’as rêvé la Grande Utopie des années 70 et traduit une intraduisible brique sur la pensée systémique? ##Ça ne fait pas cinq minutes que je suis arrivé en me posant ces questions que Georges Khal, euphorique, me fait la démonstration d’un nouveau logiciel américain de simulation globale: jouez à modifier l’équilibre planétaire. Taxez les CFC, reboisez l’Amazonie: crac, de nouveaux problèmes… Le voilà dans son rôle préféré: créateur d’univers. “C’est mon côté bricoleur!” #
Grand contemplatif, Georges se marre: “Je vois les dieux se bidonner devant le capharnaüm planétaire – le chaos! qui génère de l’ordre qui génère du chaos… Ça n’arrête pas!” La preuve: Georges ne fait que passer – il retourne en Asie cet automne. #
Voilà presque dix ans, alors qu’on était tous là à téter du stylo-feutre, Georges a découvert la micro-informatique et répandu la bonne nouvelle. Puis, il a vendu ses milliers de bouquins pour aller vivre de rien à Sri Lanka. “Le paradis!” Il a fallu une guerre civile pour l’en chasser: il est parti enseigner les langues à Taïwan, après avoir tenté de créer un logiciel-expert de médecine orientale. Peine perdue: la logique binaire ne collait pas aux subtilités de la cosmologie chinoise. Tel un chat ondulant finement entre les obstacles, Georges le mercurien préfère l’Orient sinueux aux bousculades de nos contrées. #
“Ce qui me fascine à 45 ans, c’est que si t’es pas enfermé dans une routine qui te robotise, t’es vraiment vulnérable, tu te fais bardasser… Mais au milieu du chaos, du stress, il suffit que tu prennes le moindre recul pour réaliser soudainement que tout ça est une vaste rigolade.” #
Puis, comme un secret à ne pas mettre entre toutes les oreilles: “J’ai approfondi le fait qu’on participe de façon extraordinairement intime à la création de l’Univers. Et le moteur de tout ça, c’est notre désir. À la fin, quand t’as tout fait, tout épuisé, tu deviens bouddha!”
Dit-il en éclatant de rire… #MSG #
August 30th, 2010 at 22:22
Merci d’avoir reproduit ton billet à-propos de Georges. Corrigeons toutefois une erreur: la dernière venue de Georges au Québec est en 1993, de mai à octobre si ma mémoire est bonne. J’ai alors ‘ramassé’ Georges chez Christian (à l’époque du boul. Mont-Royal… quel bruit!l) et je l’ai reconduit à l’aéroport. C’est lors de cette dernière visite que Georges a traduit pour moi trois textes d’un collectif sur la toxicomanie, a collaboré avec Robert Blondin dans une séries sur le bonheur, a été interviewé dans le Guide Ressources par Paule Lebrun, etc.
À vendredi.