Chaos et catastrophes : René Thom
August 31st, 2010 by Christian AllègreLa phrase de Georges dans l’entrevue avec Michel Saint-Germain : “Je vois les dieux se bidonner devant le capharnaüm planétaire – le chaos! qui génère de l’ordre qui génère du chaos… Ça n’arrête pas!” me rappelle un autre auteur envers qui georges nourrissait une grande admiration : René Thom, le mathématicien français médaillé Fields (le Nobel des mathématiciens) en raison de ses travaux de topologie fondamentale et sa “Théorie des catastrophes”. Le mot catastrophe, en topologie, désigne les accidents de terrain, les cassures. C’est ce que je me rappelle de ma lecture (ardue) des années 70. #
Deux de ses livres sont mentionnés dans le Répertoire : Modèles mathématiques de la morphogenèse qui fut édité directement dans la collection 10-18 (1974), à l’initiative du grand éditeur Christian Bourgois. Ce livre publié en édition de poche le rendit célèbre en France. Mais il avait publié auparavant, en anglais et aux États-Unis, Structural Stability and Morphogenesis, W. A. Benjam, (1972), traduit ensuite en français. #
René Thom était un topologiste; il était donc intéressé au premier chef par la morphologie. Je me souviens du nom fort poétique de quelques types de catastrophe : le pli, la queue d’aronde, la fronce… et de la grande beauté formelle des explications. #
Quant à la référence fondamentale : D’Arcy Wentworth Thompson, On growth and Form, également présente dans le Répertoire, l’ouvrage vient d’être traduit en français (Seuil, Science ouverte, 2009), presque cent ans après sa parution en Angleterre. Georges révérait ce livre. Je ne peux faire mieux que reproduire ce qu’en dit l’éditeur français dans Amazon.fr: #
À la rubrique ” inclassables ” de l’histoire des sciences, Forme et croissance occupe une place de choix. Écrit par un naturaliste écossais qui fut aussi mathématicien et traducteur d’Aristote, il mêle magistralement la science et la littérature dans une prose d’une qualité rare illustrée de dessins inoubliables… #On voit ici au moins une des raisons pour lesquelles Georges portait ce livre aux nues. Ne mêlait-il pas lui-même science et littérature, comme il est clair dans son article sur les drogues et la toxicomanie ! C’est la marque d’un esprit universel, et c’est ce qui m’a toujours attaché à Georges. # #